Il est aussi très connu pour ses critiques et réflexions sur la religion et sur Dieu. Etant Déiste, il ne croit pas a la nécéssité d’un clergé, qu’il tolère, tant que celui-ci reste encadré par la raison (il n’était évidemment pas extrêmement populaire dans le domaine de l’Eglise).
Ses oeuvres subissent donc, en conséquence de leurs sujets, de très nombreuses condamnations et censures. Il trouve cependant de nombreuses méthodes pour éviter ce type de nuisances. Il passe, d’un côté sous la protection du roi de France lui-même (qui ne lui permettra cependant pas tout), et de Fréderic II, roi de Prusse. Il y a bien d’autres exemples de méthodes auxquelles il a recours pour résister a la censure. Une très notable concentration de celles-cis se trouve dans le court conte philosophique Micromégas.
Cette courte histoire, relativement méconnue, relate le voyage interplanétaire du géant Micromégas (représenté à droite) . Il est très probable que ce personnage soit un certain miroir autobiographique de Voltaire (Le personnage possède énormement de savoir, et partage les thèses de Voltaire. En plus, il reste un personnage totalement positif durant tout le récit).
Ce conte est réellement parsemé de critiques de natures différentes, plus ou moins explicites.
Pour se protéger des censeurs, il déplace premierement un récit à bases autobiographiques dans d’autres planètes. Il critique donc le fonctionnement de la planète Sirius (qui représente donc la France); et surtout le comportement du muphti qui le poursuit en justice pour hérésie, à cause d’une simple étude scientifique, plutôt innofensive ( il compare les puces aux colimacons). Celui-ci, qu’il désigne d’ignorant et fermé d’ esprit, provoque son exil. On peut ici voir une référence au second exil de Voltaire, car il semble répondre a ceux qui l’ont provoqué en disant: “Il ne fut que médiocrement affligé d’être banni d’une cour qui n’était remplie que de tracasseries et de petitesses”. Il critique aussi l’inquisition par le biais d’un livre imaginaire qui “serait actuellement sous presse sans messieurs les inquisiteurs”, et qui contient selon lui de “forts beaux secrets” appris sur la planète Jupiter. Cet anecdote fait probablement référence à un livre réel constitué de savoirs étrangers.
Illustration de Micromegas |
C’est aussi grâce à la forme apparemment innofensive du récit que Voltaire intègre ses thèses relativement facilement. Effectivement, c’est un style lèger, facile à lire, et divertissant; cette facette du texte prenant le premier plan, c’est une histoire a plusieures lectures. Avec une connaissance étymologique basique, le titre même nous l’indique. Le mot “Micromégas” peut être deux choses: un nom insolite pour un personnage insolite, ou, le “petit-grand” (du grec micro=petit, megas=grand). Cette deuxième lecture donne à elle seule l’intention cachée de l’auteur, une discussion sur la question de la relativité de taille de tous les êtres vivants face aux autres êtres, et à l’univers. C’est aussi le cas de certaines discussions comme celle des géants avec les microscopiques humains (par rapport aux extraterrestres). Elles pourraient paraître mondaines, mais ne sont en réalité que l’outil de Voltaire pour créer une réflexion sur la place de l’humain dans l’univers.
C’est d’ailleurs dans ce passage que de lourdes critiques à d’autres philosophes, critiques acceptées par les censeurs, est mélangée à une critique aux pensées de l’Eglise, qui parait moins outrageante lorsqu’elle est entourée de critiques tout aussi négatives. C’est autour de l’existence de l’âme humaine que tourne le débat. Se défilent par la suite les idées différentes d’Aristote, Descartes, Melbranche, Leibniz, et Locke sur le sujet; representées chacune par une personne différente. Les deux géants prouvent les failles de chacune d’entre elles, montrant l’avis de Voltaire sur celles-cis. Seul Locke semble avoir le bon mot ici, et c’est sur ses idées que se finit le débat. Mais c’est après un homme d’église (non-philosophe) qui prend la parole, disant que l’univers entier est fait pour l’homme, provoquant un fou rire chez les géants. Ce récit n’a jamais été censuré, mais si cette remise en question du clergé n’avait pas été entourée d’autres, plus acceptables, et aurait été plus explicite, il l’aurait sûrement été.
Eh bien, si vous avez suivi mon raisonnement sur le sujet de Voltaire face à la censure, vous pouvez bien voir qu’il faisait réelement tout le possible pour éviter la censure. Il arrive même à critiquer cette censure (qu’il connaissait réellement bien) par deux fois dans le livre, mettant, d’ailleurs, en valeur les penseurs qui subissent la censure, puisque les deux personnages principaux la subissent. Il est donc l’exemple parfait d’artiste contre la censure, non seulement au XVIIIe siecle, mais aujourd’hui encore, représentant les valeurs que n’importe quel artiste opprimé devrait porter.
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